Le 19 mai dernier, Alias est intervenu auprès d’Espace P. et Isala devant devant les députés du Parlement de la Région Bruxelles - Capitale, membres des Commissions réunies des Affaires Intérieures, de la Santé et de l’Aide aux Personnes.
Faire remonter les vécus
La prise de parole d’Alias, comme celle d’Espace P., des chercheuses Sarah Adeyinka et Sophie Samyn (Université de Gand) qui ont travaillé sur les femmes nigérianes ou de l’association ISALA., visait à nourrir le travail parlementaire de nos réalités de terrain.
Retrouvez l’intervention de Guilhem Lautrec, directeur d’Alias:
Bonjour,
Je suis Guilhem Lautrec, je représente aujourd'hui l’asbl ALIAS.
Je remercie la commission concertée de nous permettre de partager nos constats et réflexions sur les questions relatives à la prostitution / au travail du sexe et aux personnes qui l’exercent.
Ma présentation a avant tout pour but de rendre compte de notre travail et donc des situations des personnes auprès desquelles nous l’exerçons. Par ailleurs nous formulerons des recommandations pour améliorer leur situation.
Avant d’aller plus avant dans ma présentation je vais me permettre deux précisions de vocabulaire :
Je vais parler de HSH pour “hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes”. Ce terme permet de mettre le focus sur une pratique plutôt que sur des identités comme les termes “gay” ou “homosexuel” qui sont loin de qualifier pertinemment toutes les identités ou pratiques adoptées par les hommes que nous recevons.
Je vais également utiliser le terme “trans” de manière générique pour parler de toutes les personnes que nous rencontrons qui se définissant comme transgenre, transsexuelle, travestis et/ou non binaires.
Alias est une asbl créée il y plus de 12 ans à Bruxelles (2009). Elle a pris le relais d’une autre asbl (Adzon) investie dans l’aide aux travailleurs du sexes hommes et trans.
A l’époque, les travailleurs sociaux, les militants impliqués, ainsi que les personnes concernées, s’accordaient sur le fait que le travail du sexe des HSH comportait, suffisamment de spécificités et de particularités pour qu’une équipe spécialisée et dédiée à ce public continue d’œuvrer dans la Région de Bruxelles-Capitale.
Aujourd’hui, Alias c’est une quinzaine de salariés, notamment des travailleurs sociaux, des médecins, des psychologues, mais aussi des bénévoles, qui contribuent toutes et tous aux missions de l’association. Nos actions sont diverses comme le sont, nous le verrons, les réalités et les vécus des personnes que nous recevons.
Une large partie de notre travail concerne l’aide aux personnes en rapport avec le mal-logement et le sans-abrisme. C’est-à-dire le travail de rue et l’accompagnement individuel, mais aussi l’intervention collective et de groupe.
Les locaux d’Alias sont un espace que nous voulons le plus accueillant et le plus sécure possible pour les travailleuses et travailleurs du sexe. Ils peuvent y être reçus pour des entretiens individuels, ou participer à des activités collectives. Que ce soit de simples moments de convivialité autour d’un repas ou d’un café ou bien des activités de loisir ou de bien-être, des sorties culturelles ou des moments festifs.
Nous offrons des permanences médicales gratuites et anonymes où les personnes concernées par le travail du sexe peuvent venir effectuer un dépistage/traitement des IST, être vaccinées et recevoir des conseils pour leur santé.
Nous menons de nombreuses actions en promotion de la santé, qu’il s’agisse de développer une expertise en termes de santé communautaire, ou de proposer des actions de prévention auprès du réseau et des personnes concernées.
Les travailleurs psycho-médico-sociaux d’Alias accueillent le public une partie du temps dans nos locaux, mais vont surtout à la rencontre des travailleurs et travailleuses du sexe sur leurs lieux de vie ou d’activité.
Nous passons de nombreuses heures chaque semaine, la nuit surtout, dans les rues, les bars, les nightclubs, les parcs où nous savons que nous pourrons rencontrer les personnes concernées par le travail du sexe. Cette démarche « d’aller vers » se manifeste également via notre présence sur internet. Que ce soit sur les sites ou les applications de rencontres. Ces espaces virtuels sont aussi des lieux où se concluent des transactions économico-sexuelles.
Nous sommes avant tout des travailleurs sociaux et nous approchons nos missions en tant que tels. Notre positionnement vis-à-vis de la pratique de la prostitution / du travail du sexe ne relève pas d’une idéologie ou d’une posture morale, mais simplement d’un pragmatisme en regard des réalités des personnes concernées et d’une recherche d’aboutissement dans l’exécution des missions pour lesquelles nous somme subsidiés au service des personnes.
Nous sommes particulièrement attachés à la notion de réduction des risques. C’est-à-dire à une approche qui exclut tout jugement sur les personnes et ce qu’elles font. Qui considère qu’aucune pratique n’est bonne ou mauvaise. Mais que certaines pratiques comportent des risques, en elles-mêmes ou à cause du regard et des règles que la société porte sur elles. Nous croyons qu’un travail social utile et efficient passe par des actions de réduction de ces risques. Des actions qui permettent aux personnes d’être juges et maitres de leur vie et des choix qu’ils font à partir de leur situation, de leur vécu, des contraintes qui pèsent sur eux et de leur capacité d’agir.
C’est au nom de cette approche qu’Alias a soutenu le projet de loi sur la décriminalisation du travail du sexe. Une pratique moins criminalisée est une pratique qui comporte moins de risques directs mais aussi une pratique qui est moins stigmatisée et autour de laquelle il est plus simple de s’exprimer.
En parallèle de ces services offerts directement aux travailleurs et travailleuses du sexe, nous menons aussi des actions de formation et de sensibilisation, que ce soit auprès du monde associatif, ou des lieux de formation des futurs professionnels de la santé et du social.
Nous avons publié plusieurs études et des recherches disponibles sur notre site internet, que je vous invite à consulter pour mieux comprendre note travail et les réalités auxquelles font face les travailleurs et travailleuses du sexe.
De par nos diverses sources de financement, nous sommes membre de nombreuse fédérations et réseaux, que ce soit aux côtés des acteurs du sans-abrisme, de la promotion de la santé, des centres de dépistage, ou au sein de la coupole Rainbow House des asbl luttant pour le droit des personnes lgbtqia+. Cette présence trans sectorielle est indispensable pour que nos missions puissent s’exercer de la manière la plus globale possible.
Nous avons coutume de dire chez Alias qu’il n’y a pas une prostitution ou travail du sexe mais des prostitutions et des « travails » du sexe. Si les réalités du travail du sexe sont mal connues du grand public et des institutions, celles qui concernent les hommes et les personnes trans le sont encore plus.
Il est important pour nous de témoigner aujourd’hui de la diversité des personnes et des situations que nous rencontrons.
Les situations que je vais évoquer, les exemples que je vous donne ne sont pas des anecdotes. Ce sont des profils représentatifs des personne que nous rencontrons. Il est bon de rappeler que, sur le terrain de l’exclusion, de la santé physique ou mentale, les travailleurs médico-sociaux ont une expertise souvent sous-estimée.
Une asbl comme la nôtre avec une équipe d’une dizaine de travailleurs sociaux mène en un an plus d’un millier d’heures d’entretiens individuels. Des centaines d’heures de travail de rue, des dizaines et des dizaines d’heures d’activités collectives. En 2021 Alias a rencontré et accompagné 440 travailleurs et travailleuses du sexe.
Qui sont ils ? Qui sont elles?
Ils sont de jeunes hommes venus d’Amérique latine pour être « escort ». Sur internet ils trouvent des clients et proposent des services sexuels. Ils rencontreront leurs clients dans une chambre de airbnb louée pour l’occasion. Ils sont en séjour touristique pendant trois mois et lorsque leur visa expire, ils doivent rentrer au pays ou faire le choix de vivre en Belgique sans titre de séjour, sans accès aux soins de santé. Ils viendront chez Alias pour un dépistage, pour trouver des préservatifs et du lubrifiant, pour trouver de l’aide dans leur démarche auprès du CPAS. Ou simplement pour parler un peu.
Ils sont des jeunes hommes originaires du Maghreb ou du Moyen Orient. Demandeurs d’asile ou déjà déboutés. Ils trouvent leurs clients dans les bars du quartier St Jacques ou dans les saunas. Ils ne sont pas (pas nécessairement) homosexuels. Certains ont une femme et des enfants. Ils aiment venir chez Alias car c’est le seul endroit où ils pourront parler de leur quotidien, avec des personnes qui ont connu le même parcours, qui comprennent ce qu’est le quotidien d’une personne migrante victime du racisme, de l’homophobie, de l’exotisation.
Ils sont jeunes Belges ou Français ayant connu la rue très tôt, et ils vivent encore entre squat et centre d’hébergement, hôpitaux psychiatrique et app art clients. Ils ne restent nulle part longtemps parce que les centres d’hébergements, les centres de jour, les équipes mobiles, les AMO, ne comprennent pas grand-chose à leur vécu, leur orientation sexuelle, leur choix de la prostitution comme moyen de subsistance. Ils viennent chez Alias pour rencontrer des travailleurs sociaux qui ne les jugeront pas, ni comme victime ni comme malades.
Elles sont des femmes trans latinas, magrébines ou roumaines. Elle font « le trottoir » à Yser. Tous les soirs elles doivent faire face aux agressions, à la violence verbale et physique de la part des clients, et des habitants du quartier pour qui elles sont des nuisances. Quand un habitant leur jette de l’urine par la fenêtre ou qu’un client leur entaille le visage, elles n’appelleront pas la police, par expérience, par crainte, par lassitude. Elle viendront trouver chez Alias réconfort, conseil, écoute. Peut-être de l’aide pour une démarche administrative.
Ils sont étudiants à l’ULB ou en haute école, danseurs, serveurs, masseurs. Ils ont des salaires, du chômage, le revenu d’intégration, ou rien d’autre que l’argent de leurs passes. Ils sont sans-abri, sans logement, hébergés, sans papier. Ils font des passes une fois par mois pour payer leurs études, une fois par semaine pour payer leurs loisirs, tous les jours pour payer leur loyer. Certains le ferons quelques mois, quelques années, puis arrêteront, puis reprendront, certains l’ont fait toute leur vie et ne peuvent plus s’en passer, d’autres rêvent d’arrêter.
Je pourrais continuer longuement en combinant les parcours, les histoires, les identités, les difficultés. Ces profils ne sont qu’un aperçu de la diversité des parcours et des histoires.
Si toutes les personnes que nous rencontrons ont en commun de pratiquer ou d’avoir pratiqué le travail du sexe, ce n’est que très rarement le problème dont ils viennent parler.
Leur « problème », et c’est primordial pour nous de le faire entendre aujourd’hui, ce n’est pas qu’ils sont escort, travailleur du sexe, putes, leur problème le plus souvent, c’est la violence sexiste, raciste, homophobe, transphobe, qu’elle soit physique, psychologique ou institutionnelle, leur problème c’est l’errance, l’absence de logement, le non accès aux soins de santé, les addictions, l’absence de revenus stables, les risques d’exploitation. Les gens que nous aidons souffrent avant tout de l’oppression et de la misère et du peu de solutions qui existent pour en sortir.
Mais si le travail du sexe n’est pas un problème en soi me direz-vous, pourquoi a-t-on besoin d’équipe spécialisées et d’asbl comme Alias ?
Et bien parce que les structures sociales qui dictent ce qui est normal, acceptable, légal, définissent aussi ce qui est déviant, dangereux, louche. Que la pratique du travail du sexe confine les personnes à une existence aux marges, dans le secret, aux limites du légal. Les personnes que nous recevons partagent un vécu et des expériences, des parcours, des souffrances qui font le socle des communautés. Le silence forcé, l’impossibilité de faire entendre la spécificité de leur parcours, de leurs pratiques sans risquer d’être jugé, d’attirer les sauveurs ou le coup de la loi nécessite que des espaces dédiés leur soit ouverts et accessibles. Ils et elles doivent pouvoir accéder à des services et une aide de base dans un environnement sécurisé où pourront être entendus leurs vécus sans que cela ne devienne un sujet de sidération, de curiosité ou même la source supposée de leur souffrance.
Tous les jours auprès de ces personnes nous travaillons, nous écoutons, accompagnons. En personne, par téléphone, via internet, en les accompagnant physiquement, à l’hôpital, au cpas, a la mutuelle, chez leur avocat, au CGRA. Nous leur rendons visite, dans leur centre d’accueil ou chez eux. En partant de leur demande, de leur besoin, à leur rythme, sans jamais juger leur parcours, leur choix, leurs pratiques. Ce travail nous le faisons avec méthode et déontologie dans la confidentialité, dans le respect. Nous le faisons aussi grâce et avec un réseau. Nous travaillons tous les jours au côté des acteurs du sans abrisme, les hôpitaux, les cpas, les maisons de santé, les maison d’accueil, les autres asbl spécialisé dans l’aide aux travailleurs et travailleuses du sexe.
A ce stade de ma présentation et à la lumière des éléments que je viens de vous soumettre, j’aimerais revenir sur quelques-unes des questions qui se dressent de manière quasi pavlovienne dès qu’on évoque la prostitution / le travail du sexe. Tenter d’y apporter des réponses, fussent-elles complexes, me conduira par la suite à des recommandations que nous aimerions vous soumettre.
Le choix ?
Choisissent-ils ? Choisissent-elles ? Ferait-on ce choix pour nous même ? Feraient-ils/elles autre chose s’il en avaient la possibilité ?
Cette question est intéressante car elle est formulée ainsi comme une adresse spécifiquement réservée au travail du sexe et à quelques autres pratiques stigmatisées. Le travail du sexe n’est pas plus ou moins un choix que les autres activités génératrices de revenus que nous impose l’inégalité de répartition et d’accès aux ressources. Oui, c’est un choix pour certain, un choix par défaut pour d’autres. Parce que d’autres activités aliénantes et dangereuses pour la santé physique et mentale, fussent-elles plus légales et mieux acceptées socialement, ne leur paraissent pas plus intéressantes ou accessibles. Un choix par défaut comme celui d’accepter l’exploitation d’un patron véreux dans l’horeca ou le bâtiment pour survivre. Un choix qui comporte des risques, en connaissance de cause parfois.
L’exploitation ?
Oui, certaines personnes que nous rencontrons sont dans des situation d’exploitation, par des proxénètes mal intentionnés, par des compagnons qui les maintiennent sous emprise, à cause de dettes, de manipulations. Après plus de dix ans aux côtés des travailleurs du sexe, deux choses nous paraissent claires :
- Premièrement : Pour pouvoir parler de ces situations d’exploitation, pour pouvoir être défendues, les personnes doivent pouvoir parler de leur pratique dans des espaces sécurisés qui ne les jugent pas, qui ne jugent pas leurs pratiques, elle sdoivent être protégées et considérées.
- Deuxièmement : Les situations d’exploitation ne sont pas propres au travail du sexe. Elles sont rendues possibles par la vulnérabilité des personnes. Les victimes d’exploitation le sont parce qu’elles sont pauvres, sans logement, malades, en souffrance, sans papier. Les exploiteurs s’en prennent à des personnes à qui la société n’offre pas d’autre alternative.
Comment « sortir » de la prostitution ?
Croire que la prostitution est un univers monolithique, un choix simple, une pratique forcément contrainte ou nécessairement exaltante conduit parfois à croire que les parcours sont linéaires et qu’il est alors question de « tomber dans » ou de « sortir de » la prostitution.
Comme j’ai pu le dire plus tôt, la pratique du travail du sexe peut être temporaire, plus ou moins régulière, plus ou moins lucrative. Dès lors l’arrêt du travail du sexe dépend des alternatives à la portée des personnes.
Il nous arrive d’accompagner des personnes qui ne souhaitent plus avoir des relations sexuelles contre de l’argent. Dans ces situations l’obstacle principal n’est jamais le travail du sexe lui-même, ses effets réels ou supposés, une forme de dépendance psychologique ou de trauma. Pour accéder à une autre activité ou à un revenu de remplacement, l’obstacle est toujours l’inégalité de traitement, le non-recours, ou le non-accès au droit. Le fait que, pour ces personnes, un parcours d’insertion socioprofessionnelle relève du parcours du combattant, tient aux limites des politiques sociales et aux inégalités plus qu’à la nature du travail du sexe.
J’en viens maintenant à nos recommandations pour l’amélioration de l’aide et des services à destination des travailleurs et travailleuses du sexe.
- La première de ces recommandations relève de la confiance. Les asbl comme la nôtre, aux côtés de nos partenaires, ont besoin de moyens pour continuer à travailler de manière stable et continuer à développer non seulement des actions pour les travailleurs et travailleuses du sexe mais aussi pour la recherche, et la sensibilisation. Il est primordial que l’aide aux personnes, la promotion de la santé, le dépistage et l’accès aux soins, l’égalité des chances continuent à reconnaitre de manière structurelle quand cela est possible l’importance de notre travail. Notre présence sur le terrain est importante parce qu’elle est spécialisée, parce que notre expérience et notre expertise nous a offert l’immense privilège d’être vus comme un lieu sécurisant et de confiance. Les personnes concernées ont le droit à des espaces qui leur sont dédiés, où leur parole peut être prise compte. Cette confiance implique aussi que nos institutions soient écoutées et que nos avis et expertises soient entendus aux différents niveaux d’organisation et de pouvoir.
- La deuxième de nos recommandations c’est la réduction des risques. Partout où elle est possible, la réduction des risques. Pour les travailleurs et travailleuses du sexe, cela veut dire un accès garanti et réellement gratuit aux moyens de protection contre les IST, à des soins de santé physique et mentale, à des services sociaux quel que soit leur statut de séjour, leur niveau de revenu, leur niveau de maitrise du français ou du néerlandais ou la commune où ils résident.
- La troisième de nos recommandations et celle de l’uniformisation. Ou en tous cas de plus d’uniformisation. Dans la Région Bruxelles-Capitale les différences de traitement, d’accès au droit d’une commune à l’autre sont énormes. Qu’il s’agisse des règlements ou des positions officieuses des communes en termes de mœurs et de prostitution, ou des aides accordées par les CPAS. D’une rue à l’autre, les travailleurs et travailleuses du sexe peuvent être considérés comme des nuisances sans aucun droit ou comme des personnes méritant attention et considération, dont les réalités sont entendues.
- Quatrième recommandation celle de la lutte contre les violences. Les travailleurs et travailleuses du sexe sont insuffisamment protégés contre les violences. Il est primordial que les dispositifs qui protègent tous les habitants de la Région s’appliquent aussi aux travailleurs et travailleuse du sexe. Que les forces de l’ordre soient d’abord et avant tout mobilisées pour les protéger. Que les forces de l’ordre soit formées et que des dispositifs permettent aux personnes de porter plainte sans crainte d’être inquiétées vis-à-vis de leur statut de séjour, ou des jugements moraux qui pourraient être portés sur elles.
- Cinquième recommandation, inclure les travailleurs et travailleuses du sexe LGBTQI dans les publics cibles des politiques d’égalité des chances. Les gouvernements à tous les niveaux de pouvoir développent de plus en plus de projets à destination et autour des personnes lgbtqi et c’est une bonne chose. Il nous parait essentiel que ces politiques prennent en compte et incluent explicitement les travailleurs et travailleuses du sexe. Alors que la Belgique est le deuxième pays du monde à décriminaliser le travail du sexe et à deux jours de la Belgium Pride, il est bon de rappeler que les « pride » du monde entier trouvent leur origine dans la célébration et la mémoire des émeutes du 28 juin 1969, dites de Stonewall, durant lesquelles des travailleuses du sexe transgenre noires se sont dressées contre les violences et les discriminations dont elles étaient victimes.
- Sixième recommandation, l’amélioration de l’accessibilité et l’adaptation des services aux réalités et besoins des travailleurs et travailleuse du sexe. Les administrations, les services sociaux, les lieus de soins en santé physique ou mentale, ne sont pas assez accessibles et pas assez adaptés à ce public. Il nous parait urgent que les professionnels de santé et du social et leurs institutions se forment et adaptent leurs pratiques et leurs offres. Pour cela, et de manière transversale pour répondre à plusieurs de nos recommandations, il est essentiel que les professionnels de santé, du social, les administrations puissent accéder à des formations de qualité sur le travail du sexe pour dépasser les idées reçues et mieux comprendre, sur une base factuelle et expérientielle, l’ensemble des réalités que recouvrent les pratiques de la prostitution et du travail du sexe.
Je vous remercie pour votre attention.
Alias, bientôt 15 ans d’expertise auprès des travailleur·ses du sexe HsH et trans*
Depuis 2009, l’asbl Alias assure un accompagnement psycho-médico-social de qualité aux travailleurs du sexe/prostitués masculins et trans* dans la Région de Bruxelles-Capitale. Elle vise prioritairement la promotion de la santé, l’accès aux soins de santé et aux droits sociaux pour le public. Pour cela, elle travaille en collaboration avec un très large réseau de partenaires de différents secteurs.